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Mes poèmes et textes

Je me suis multiplié

Photos de : un Diaporama d'Olivier (CNT 27) démontrant que la pauvreté n'a ni patrie ni frontière).

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Je me suis multiplié et ne me suis jamais trouvé. ​

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Je fus tour à tour​
le paria des castes intouchables, ​

le saltimbanque débraillé​
de la place Saint-Sulpice les jours de poésie.
​

Bateleur, bouffon, baladin, jongleur de mes propres maux.​
Je n'ai rien demandé à Notre Dame des choses impossibles.​
J'ai partagé la misère de vos chemins de traverse. Embarqué sur​
d'immenses cargos de pacotille en partance pour des terres lointaines.​

​

Je n'ai jamais salué le soleil sombre du matin
en levant la main droite
​

​
J
e suis resté l'étranger à l'écart de vos manigances sans état d'âme,​
Impassible à vos sourires sortis tout droit d'un jeu de télé réalité.

​

N'attendez pas que je vous dépose en offrande de sincérité​
mon patrimoine du coeur

​

Vous me pensiez double ? - mais non, je ne suis qu'immense !

​

Laissez-moi encore un peu de temps​
l’illusion de cette sensation​
d'être vivant


R.T

quelques arpèges de guitare

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Le vent du printemps
berce toute une prairie
​
La ronde des saisons
poursuit son alternance

 

Je regarde tout en haut
s'ordonner tous ces astres
et croise en chemin un homme du village

x

 

Nos rêves ignorent tout l'un de l'autre
​
Il va sac au dos ramasser du bois sec
​
Il laissera pour solde de tout compte
son enseigne de cheminot des bois
et moi quelques poèmes maladroits

x
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J'allume ma pipe et médite sur mes maux
J'observe la vie qui passe
emportant avec elle son mystère des choses

 

J'en veux à la nuit trop brève
Voici qu'un jour nouveau va poindre

x
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A qui parler du froid et du beau temps
Je m'appuie aux arbres
pour écouter les sources

 

et confie à la brise
quelques arpèges de guitare
​

Quelques textes courts

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Qu'il est déjà loin le passé ! Que de souvenirs me reviennent !

Si longue est la route de mes songes.

De Marseille à Paris, de Paris à Montmeyan, quelques photos, quelques images dans ma poche tout près du cœur.

Que de jours, hélas ! ont fui.

C’est déjà l’automne, un grand vol d’hirondelles s’en va au loin. Demain un clair de lune éblouissant annoncera le retour du printemps.

La table est servie, parents et amis ne sont plus à la fête. Un vent annonciateur s’en vient soulever les quelques rares cheveux qu'il me reste.

À grands pas je marche le long des rives du grand fleuve de la vie.

Le temps passe et passera encore, l’année de mes 20 ans s’efface dans la nuit.

​

Mais à qui va ma pensée,

Si ce n’est celle que j’ai croisé dans mes rêves.

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Marseille avenue Clos Bey

Mon enfance insouciante

A deux pas du Parc Borély

Le vieux manège aux chevaux de bois!

Du haut de mes 6 ans

Jamais décroché le pompon de monsieur Emile

Virevoltant par-dessus ma tête

A califourchon sur le beau cheval blanc

Une fillette pleure à chaque tour

Un autre enfant arrache le pompon des mains de son voisin

Dans son grand désespoir

La mère espère que son petit garnement l’attrape

 

Cela fera un jeton de moins à acheter !

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Assis sur un banc du village

Pour écrire quelques mots débraillés

Il m’arrive parfois d’éprouver une sensation diffuse

Un nuage solitaire par-dessus mon épaule

Cette lumière comme une onde de silence

A l’ombre du vieux platane centenaire

 

Alors, je bats des mains

Isolé en plein cœur de ce monde qui m’entoure

En faisant risette au soleil.

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Dans la maison d’en face

Habitent des gens que je ne connais pas

Chaque jour à la même heure

Aux premiers rayons de lumière

S’entrouvrent leurs volets

S’envolent les rêves et les secrets de la nuit

Sont-ils heureux ?

Eux qui n’attendent rien de moi

Arpentant les rues de long en large

 

J’éprouve un irréversible sentiment de mélancolie

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Réfugiés au fond de la classe

Yves et Joseph méditent sur leurs nuits trop courtes

Ils songent à l’infini d’un printemps qui n’arrive pas

Quand sonne la cloche

Leurs yeux retrouvent des couleurs de sable et de soleil

Maintenant ce sont des vieillards aux cheveux blancs

Mes vieux potes qui marchaient main dans la main

Le long des chemins de fortune

 

Je vous guette parfois au coin de la Grand ’rue

Nous retirerons nos masques de mousquetaire

On fumera une roulée comme quand on était minot

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Sur la route

Au clair de lune

Aller de l’avant

Tout s’éloigne

S’estompent les dernières lumières

Je suis l’enfant qui regarde derrière la vitre de la voiture

 

J’allume ma pipe de Cogolin

Que le temps passe vite

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Je ne la vois pas

J’entends ses éclats de rire

C’est la fille du chemin que je croise chaque matin

Je ferme les yeux

Aucun sentiment ne la lie à moi

Si ce n’est son parfum qui me rattrape à chaque fois

​

Combien de choses que je voudrais lui dire

Mes mots se confondent et se perdent à travers ses rires

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Au passage du bus 36 rue de Melun

Vide de tout passager comme tous les matins à 6 heures

Fumant ma première pipe de caporal export

J’ai rendez-vous avec la conductrice

Qui d’un signe de la main fait battre mon cœur

​

Je ne sais rien d’elle

Si ce n’est son immense sourire qui me rassure

Et sa furtive présence

Qui fait de moi un être vivant

 

Richard Taillefer.

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La lettre

Cher Richard

Il se fait tard. Le temps est frais, quel beau printemps ! Comme toujours, je m'évade dans cette solitude dont je ne sors plus guère. J’ai bien reçu et lu ton dernier texte. D'ailleurs tu ne dis jamais poème. Peu importe ! Tout bien compté, ce sont aussi des vers libres.

Je sais, signifier la chose

Est toujours susceptible d’interprétation.

Quand demain tu viendras me retrouver, si le soleil est au rendez-vous, nous irons cueillir quelques pensées nouvelles dans la campagne. Sans rien dire, on écoutera le silence nous raconter son histoire.

Dans tes poèmes, pardon textes, en apparence si simples, je me trouve progressivement en présence d’un récit de plus en plus inattendu, de plus en plus complexe. C’est ce qui me frappe d’emblée. Il se peut, que je ne ressente pas, ces sentiments qui sont les tiens. Ils expriment des émotions que je n’ai jamais éprouvées. Ces rêves impossibles que nous cherchons en vain. Tu as beau t’apitoyer sur toi-même, je n’y vois pas de larmes. As-tu aimé, as-tu souffert ? Te souviens-tu de mes bras autour de ta taille, une nuit toute entière, dans la confidence des mots fous.

Cette immense fièvre des heures partagées.

Je t’imagine, à la lecture de ma lettre, ta pipe à la main, ton regard tourné vers le plafond à contempler les toiles d’araignées. Éveille-toi à la vie et tire les rideaux pour laisser pénétrer la lumière. Que sont advenues tes visions perdues d’un impossible songe.

Il se fait tard. J'ignore tout du malheur des autres, mais les miens jamais ne me lâchent.

À bientôt mon ami.

 

J'emporte avec moi, ce parfum de rose dans le jardin, parce que j’ai toujours aimé les roses !

 

Richard Taillefer; Texte extrait de PoéVie Blues. Prem'édit éditions 2015

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à mon Père Maurice

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Mon père, si vous le croisez dans les rues du village, aux aguets derrière l’objectif de son « Reflex Canon », ou assis à la terrasse du Kafé de France, il vous apostrophera d’un « comment ça va chef » avec un large sourire dissimulé sous sa moustache grise.

Il est l’un de ces personnages du pays que l’on photographie volontiers pour garder un souvenir d’authenticité. Il a tout du Tartarin de Tarascon, lui qui est né par la force des choses dans une pouponnière, à Moreuil, un petit bourg de Picardie.

Le temps a buriné son visage, ses yeux ont cette couleur verte des agates de son enfance.

Dans son crâne, les idées sont plus sombres qu’une nuit d’été en plein orage et le dévorent jusqu’à la moelle. Il attend son heure, avec cette imperturbable sagesse de celui qui sait et n’attend plus rien.

Il est le dernier grand témoin de ce que je fus avant d'être. Le soir, il s’en va retrouver Pépète, la petite chienne qui l’accompagne dans son indécrottable solitude.

Ni l’un ni l’autre ne fermeront les paupières,

De peur de ne pas se réveiller ensemble.

Près de la porte

Je l’ai vu parfois grattant sa tête blanche

Richard Taillefer

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Vous me demandez ce que je fais dans ma montagne. Seul, avec mon chien, au milieu des bêtes. Je paresse. Pauvre comme mon vieux bâton et ne fais rien d’autre que de jeter mes yeux de droite à gauche tout en faisant risette au soleil. Un peu de vin, un peu de rêve au pied du cerisier en fleurs. J’écoute, je guette le moindre bruit du vent. Tantôt c’est l’aube et la prairie s’enflamme, tantôt c’est le crépuscule et la lune guerroie dans la pénombre du soir. Tout en haut, au sommet des crêtes intangibles, quelques premières étoiles timides, titillent les dernières neiges du printemps. En fait, la grandeur est dans ce qui existe entièrement hors de nous. Mais qui regarde bien voit loin. Sans réfléchir, ni m’attarder, je me raccroche à cette réalité. Ni joyeux, ni triste, si ce n’est satisfait de l’avoir croisée en chemin sans la rechercher. Enigme du temps qui passe.

Ce rien de vivant où nous demeurons provisoirement.

 

Dites à ceux d’en bas, que je suis en paix et me porte bien.

Richard Taillefer

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Ma vie, se résume à d’émouvantes banalités sommaires. Je tourne en rond dans ma cage, tel un rat d’église dans un coin. Hésitant, sans cesse, je ne publipostage mes doutes avec qui que ce soit. Tiraillé par d’innombrables lâchetés, je me tiens en retrait de tout et de tous, n’éprouvant aucun remord coupable. Avec le temps et par grande habitude, l’ennui devient plus humain. Je cours d’une chose à aucune autre, me risquant dans l’écriture de quelques poèmes débraillés, les coudes solidement appuyés sur ma table des lamentations. Même pas un chat noir somnolant à mes pieds. Peu à peu, la poussière du temps, se glisse sur la montagne de mes livres jamais ouverts. Robinson, sur son île, pouvait pousser des hurlements de détresse, moi je crachote avec peine quelques bégaiements indescriptibles. Inoculé de nicotine, j’hésite sur le mégot à prendre. Je réclame la multiplication des sucres dans mon énième café. À la radio, le cours de l’or flambe dans une jouissante indifférence. Parfois, je tape du chef, pour remettre en ordre, une boussole détraquée. Un diable sans apôtre, affalé sur son rocking-chair, traverse les murs comme si de rien n’était. Les tondeuses du samedi matin ronronnent à cœur joie.

 

Souvent, je rêve de vous ! Mais vous n'en savez rien.

 

Par acquis de conscience

Je regarde par la fenêtre

Ce jardin d’enfants

Où il n’y a jamais

personne

Richard Taillefer

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La Dame de la gare de l’Est

Il y avait bien une gare. Une femme, seule au milieu de nulle part. Sans rien dire, sans penser, dans le silence de la nuit, elle erre poussant un caddie rempli du peu de chose qu’il lui reste. Un survêt usagé, rouge et noir, une paire de baskets Adidas trouvée dans une décharge de la rue de Charenton.

Les trains, elle les voit partir et s’éloigner emportant ses rêves d’autrefois. Elle était venue d’Afrique pour découvrir Paris et ressentir un air de liberté.

Comme toutes les mères du monde, elle a versé toutes ses larmes quand son enfant dans un trou fut jeté comme un chien.

Vers deux heures du matin, les agents de surveillance de la SNCF fermeront les grilles d’accès de la gare. Comme tous les jours, elle échangera quelques mots plein de gentillesse avec les vigiles au corps taillé dans le marbre.

Sa nuit, elle la passera par un aller-retour, d’un terminus à l’autre, sur le siège d’un bus, sous le regard protecteur du conducteur de la RATP.

Ainsi va sa vie, dès l’aube vers les 5 heures elle retrouvera le hall de la gare de l’Est. Son petit univers à elle, comme elle dit.

 

Avec ce sourire qui ne la quitte jamais et qui vous traverse de part en part, ce qui nous reste d’humanité.

Richard Taillefer. Texte extrait de "Où vont les rêves quand la nuit tombe" éditions Gros Textes. La petite porte.

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RÉSISTER

Résister, résister, résister, jour et nuit. Résister encore. Lasse est l’amertume, cette lassitude intérieure. Il faut oser se lever, reconnaître le chemin. L’espace visible et total. Nulle tour n’est trop grande à nos yeux. On ne se taira pas une nouvelle fois, nous déploierons nos paroles lumineuses par tous les champs dévastés. Ecoute cette chanson qui court à travers le monde. Ces aboiements de chiens qui grondent derrière les niches de garde. C’est le matin que lou soulèu se lève. Ce sont toutes ces fenêtres qui s’ouvrent pour laisser le cri se répandre à l’horizon.

Désolé, contre tous les murs qui nous font face, nous continuerons à rêver, même par temps de brouillard.

 

Laisse une petite lumière Ici et là et puis une autre.

J’aime ta main légère

La brise chaude et douce de tes lèvres

Tes histoires qui parlent parfois de nous

 

Richard Taillefer. Texte extrait de Ce petit trou d'air au fond de la poche. Prem'édit

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MONSIEUR CARPATES

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Monsieur Carpates est un géant. Il colporte sur son dos de vieilles rumeurs en guenilles qui font peur aux enfants, un béret de feutre rouge sur sa caboche. Ses souliers sont de tristes godasses éventrées recouvertes de papier journal.

Tête et tempes, sourcils et barbe, il est blanc comme neige.

Lui, le jeune poilu des Ardennes, aux pieds gelés en 1916 dans la tranchée des Satyres.

Seul comme on peut l'être, il brouillonne à qui veut l’entendre des jurons en cascade à tous les chiens égarés, tel un ravi de la crèche radotant son cresson amer.

Ces paroles, écoutez-les, retenez-les ! Elles contiennent son émoi et retiennent ses larmes. Il connaît le parler de l’homme et celui des oiseaux.

Le jour, il côtoie les fossés désabusés et les chemins de traverse. Solide comme un roc, ni pluie ni vent ne viennent briser sa longue marche solitaire.

La nuit, son lupanar est une petite chapelle oubliée envahie par les ronces et les gros matous des champs.

Voyageur de passage ! Il ne dort pas, il tend l’oreille à chacun de tes pas. Voici que gronde l’orage dans la montagne. Il se souvient alors d’une jeune femme au pied du cerisier en fleur de ce dernier printemps 1914.

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Les années passent, la mémoire s’estompe et se perd dans la brume et la poussière..

 

Richard Taillefer. Texte extrait de "Où vont les rêves quand la nuit tombe" éditions Gros Textes, la petite porte. 2020

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"Gabriel Albert Alexandre Capato, dit Carpates, était né à Brignoles en 1892. Son père, natif de Salernes, était malonnier. De sa jeunesse on sait qu'il fut berger sur le plateau de Valensole. Et dèja, la nécessite ou le bonheur de marcher, le gout peut-être de la solitude, du grand air, des nuits à la belle étoile

"Mobilisé en quatorze, à l'âge de vingt-deux ans, il avait été blessé à la tête par des éclats d'obus et avait eu les pieds partiellement gelés. Cela ne l'a pas empêché de marcher pendant des décennies.

Probablement, comme pour tant d'autres, le choc avait-il été trop fort et ses blessures ne furent-elles pas uniquement d'ordre physique.

"Il avait reçu des décorations pour sa conduite héroïque (1) ce qui obligeait, chose amusante, les gendarmes à le saluer ; il percevait également une pension qui lui épargnait la mendicité."

Gabriel Capato est décédé le 23 mai 1981 à Mane (04) à l'âge de 89 ans.

Extraits de textes de Roger Clapié. Portrait de Carpates de Roger Clapié.

http://www.lorgues.net/carpates1.html

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