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THE BOOKS

Ces trois recueils rassemblent l'ensemble des textes écrits sur la période 1980-2012.

L'éclisse du temps/ Editions Dédicaces



Ce voyage étrange prendra des multiples visages, en se réjouissant

jadis des choses simples car « La mémoire a des raisons qui/souvent
nous échappent ». Un renouveau perpétuel du temps est assuré car
« Seul le temps qui passe poursuit sa route/Emportant avec lui tout
son mystère » dévoilé jadis simplement parce que « Notre mémoire
doit être pétrie d'éternité car nous avons tous la certitude que le mal
est éphémère. » (Francis Bossus).
L’ambassadeur du Temps – Richard Taillefer, nous convainc que le
rêve de l’exil temporaire et temporal est démythifié par ses acteurs et
leur scène, en articulant que : « L'exilé ne renonce jamais au retour ».
Au commencement était le Temps et ses éclisses.
MARINA NICOLAEV
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Des clins de mémoire/ Editions Dédicaces

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Ecrire simple, dire le vrai, la vie, sans afféterie; être soi dans une époque où la singerie gouverne l'apparence, c'est l'art de Richard Taillefer. Il sait voir, il sait lire, sa poésie trace comme une sismographie de l'existence sans effet, ni lyrisme...

Chaque page est une respiration nouvelle, ses phrases courtes halètent, pulsent, palpitent au ras du vivant. Les mots au gré des lignes attendent la lévitation, tressaillent d'espoir et la vie s'écoule dans le bonheur d'être au monde...

Par moment surgissent, venus d'on ne sait où, des fragments d'autrefois, des lambeaux de demain, la mémoire joue au bonneteau avec les souvenirs, bégaie, lâche ses staccatos  bribes par bribes, va faire un tour du côté du rien et puis s'en va et puis revient...tandis qu'au loin, l'horizon ronge la mer.

Même s'il s'inscrit totalement dans l'injonction de Lautréamont:

la poésie doit être faite par tous et pour tous, Richard Taillefer possède un ton qui lui est propre, sa voix, si belle de simplicité se déploie en mille facettes qui n'appartiennent qu'à lui...

Un des enseignements de ce livre, est qu'il nous apprend à vivre à l'écoute des autres...

François Vignes /Revue Levée d'encre

 

Jusqu'à ce que tout s'efface/ Editions Dédicaces

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Observateur perspicace de la réalité, la sienne, mais aussi

celle des autres, de la société, de l'humanité, Richard Taillefer
se collette aux mots et au langage jusqu’à ce qu'il en fasse suer
la vérité au delà de l'effacement.

    Cette fixation du réel, ce regard sûr et efficace, peut-être que
le poète le doit aux perspectives ferroviaires qu'il a longtemps
scrutées en sa qualité de roulant SNCF...

     Mais c'est surtout qu'entre deux trains, ou dans l'entre-deux
d'une gare, Richard Taillefer a cogité sur le réel, sur le rapport
entre les êtres et les choses, avec un regard éclairant.

      On sent l'observateur, le militant du mot et de l'image, et peu
à peu, dans ces textes, l'empreinte d'une rude sagesse, quand le
poème allume sa petite lanterne pour signaler la voie.

      Avec ses aphorismes toujours cocasses, mais sans trop se faire
d'illusion sur l'issue du voyage, le poète écrira jusqu'au bout sa liberté,
de voir, de comprendre, d'appréhender, et même s'interrogera jusqu'à
l'espoir sur le destin en attente:

"Contre vents et marées
Aller jusqu'à l'artifice des mots
Au risque de se perdre"

Claude Albarède

PoéVie Blues. Prem'Edit

 

 

Patricia Laranco

 

Oui, Richard TAILLEFER a raison :

« Ecrire
C’est un coup de poing
Qui cogne à la mâchoire des morts-vivants
Un soleil qui gicle de partout

Une blessure
Oubliée entre les pages »

D’où, sans doute, ce recueil qui porte admirablement son nom ainsi que sa couverture, d’un bleu très sombre : « PoéVie Blues ».
Une centaine de pages, quatre chapitres (Tendresse dans la pénombre ; Que sont devenus nos rêves d’oasis ? ; « Avant que LOU me mange » et Nous sommes tous des sentinelles fautives), une alternance de textes de prose poétique et de poèmes en général courts…on retrouve là la sobriété pudique et la densité qui caractérisent cet écrivain profond, doublé d’un homme de plein cœur, mais sur un mode, me semble-t-il, nettement plus grave, plus fataliste et plus pessimiste.
Si le poète engagé, l’homme sensible et attentif à l’ensemble de l’univers qui le baigne sommeillent toujours, on sent au détour de ces pages à la saveur fortement « automnale », tout le poids de la distanciation, de la détresse face à ce temps nouveau qui nous dépasse, de l’infini (Que d’étoiles sans fin / Pour tant d’espaces vides), de l’indifférence humaine, des absences qui, au fil du temps, se sont creusées, de La fatigue des os qui tous, nous laisse un peu sans ressort, d’une sorte de résignation teintée d’un certain nihilisme.
La solitude, l’absurdité (au sens sartrien) s’abattent sur nous – ou bien plutôt s’infiltrent en nous d’une façon insidieuse mais non moins prenante, comme le font les brumes tièdes, feutrées, en demi-teintes de l’été indien. Pas d’enfer pour aller voir si j’y suis…On ne fait qu’attendre…[…] Egaré dans l’opacité du réel, la […]peau […] Surface sensible / Sous la menace d’un essaim de guêpes.
Le ton de ce recueil est triste.
La seule consolation, dans tout cet amas de lucidités, de déceptions, d’inquiétudes et de pertes est – et demeure- cependant L’extase du poète.
De ces vers (et non-vers), on retire un sentiment de retrait pour cause de lassitude.
Le balancement (l’hésitation ?) entre le « Carpe diem » contemplatif et une forme discrète, mais suintante de désespoir existentiel est omniprésent. De sorte que l’émotion se met à nous serrer, à nous tordre la gorge.
Poète jusqu’au bout des ongles et jusqu’à la racine des cheveux, Richard Taillefer est resté l’étranger, l’être à part, le semi-philosophe sans aucune prétention, mais riche de sincérité comme d’instinct qu’il fut toujours. Il s’enfonce à présent dans sa retraite, dans son retrait pensif, dans ses soupirs lancinants et pudiques.
S’immerger dans l’instant – plein à craquer de choses et de joies vraies, simples, minimes et d’autant plus précieuses, ou sentir approcher, à pas de loup inexorables, la nuit et le vide qui nous guettent tous ? Il ne le sait. Il est trop humble, et trop conscient de certaines données, pour prétendre savoir. Dans ces conditions, il ne peut que dire Je […] passe le témoin.
Richard Taillefer se définit lui-même comme un poète débraillé. Pour ma part, j’y ajouterai volontiers « poète désabusé ». Le/la poète seraient-ils « bluesy » par essence, par nature même ?
Il faut en tout cas saluer ce langage attachant et accessible à tous, qui sait tellement bien dire ce qu’il a à dire, en faisant bellement mouche.

 

 

  • Jacques Morin. "Jacmo"

    Note dans Décharge N°168 : Richard Taillefer : POÉVIE BLUES (Premédit)

    Le personnage central de cet ensemble composé de quatre parties, c’est lui, Richard Taillefer, avec sa pipe au bec (esclave cardiaque des voluptés malignes qui me rongent le corps) et sa légendaire mélancolie au cœur. Ça commence par une lettre qu’il s’adresse à lui-même : Ces rêves impossibles que nous cherchons en vain. Tu as beau t’apitoyer sur toi-même, je n’y vois pas de larmes. Dialogue intérieur entre les caractères romains et italiques. Il possède le recul, avec le retrait de son village perché dans le haut Var, où il est né, pas loin de la place centrale, d’où il mesure la campagne environnante et le monde par-delà l’horizon proche. Tous ses textes ou poèmes sont autant de réflexions mâchées par l’observateur nonchalant et farouche qui se poste et guette la course du jour et la marche des proches. Il interroge sans cesse, et n’obtient pas la moindre réponse. Ce rien de vivant où nous demeurons provisoirement. Son socle demeure le végétal où il s’appuie, la nature qui en fait un arbre planté au milieu de la montagne. Sa quête demeure ontologique : Je n’ai d’autre remède que de vivre. Je n’ai pas d’autre alibi. Ses pensées naviguent entre la raison profonde de l’existence et toutes les émotions qui l’assaillent en son for intérieur. Les utopies, les rêves demeurent au cœur, alors que l’âge en fait de vieilles lunes. Ne me demandez pas ce que je cherche. Une des portes de sortie demeure l’amour : le mystère de la chair bouleversée… même si elle peut être considérée comme une porte de service. A force de vouloir raidir sa conscience jusqu’à la pureté, on demeure toujours en-deçà d’une vérité inaccessible : Nous sommes tous des sentinelles fautives. Richard Taillefer ne se fait pas de cadeau : Ma vie se résume à d’émouvantes banalités sommaires, qualifiant même ses poèmes de « débraillés » ; en réalité, son exigence s’allie à sa sensibilité pour sonder inlassablement richesse et générosité en soi et à travers l’univers.

 

Eric Dubois

C'est excellent, c'est le meilleur livre de Richard Taillefer ! Il y a dedans beaucoup de pâte humaine. Derrière les mots, on sent la présence de l'auteur, une présence avec ses fêlures et ses soleils, une présence offerte au monde et compatissante. Bravo !

 

Jean-louis Riguet

Il ne s’agit pas d’un coup d’essai de l’auteur. Depuis 1977, la production est régulière ; que ce soit en recueil ou en revue. Richard Taillefer est un créatif, un créateur, un organisateur. Il est un passeur d’idées, de mots, de rêves. La poésie est une arme au service de son combat.
Ses poèmes en prose poussent à la réflexion, source de conviction, qui nous entraîne toujours un peu plus loin. Même si, à priori, nous ne sommes pas d’accord, quelque chose, un mot, une expression, un regard, nous pousse à avancer dans les sentiments, les visions, les perceptions, et aussi certaines réalités.
Il y a de la tendresse chez ce poète. Il surmonte ses maux et ses faiblesses et se transforme en témoin. Il construit, à coup de mots et d’expressions, son message. Avec un soin tout particulier, à rester pendant des heures à peaufiner un rythme, une sonorité, un ordre, jusqu’à la perfection, Sa perfection.
Il nous cogne, il nous caresse, il nous cabosse. Il nous fait mal, il nous fait du bien, il nous rafistole.
Sûrement qu’il trouve son inspiration dans son éternelle pipe de Cogolin, peut-être facturée par Charles Courrieu, Maître Pipier, lui-même. Le poète s’accroche à elle comme à une bouée. Une autre source d’inspiration est sans contexte sa moustache qui lui sert de GPS pour ses poèmes tout autant qu’elle lui a rendu des services lorsqu’il conduisait des trains qui ne s’arrêtaient pas à toutes les gares desservies.
Poévie Blues est un cri, une blessure, une déchirure. Des souvenirs aussi. Il n’oublie pas sa mère, Tante Chaline, Julie, Fabian, Réginald, Jean, André, Yves, Jacques, Pierre, Claude et tant d’autres. N’ayez crainte mes amis, sa mémoire est intacte. Il ne vous oublie pas. Il vous poétise.
Il est préférable de lire par soi-même ce recueil. Plutôt que mes élucubrations !
Jean-Louis Riguet

 

Gabrielle Burel

Je te remercie, Richard, pour cette lecture, c'est beau. D'un recueil à l'autre (de ceux que j'ai lus) on retrouve des thèmes et des vers comme une continuité de ta pensée . Jusqu'ici on avançait dans ton pas, on marchait entre nature et rencontres, environné de tes mots mesurés . Cette fois une digue a lâché, nous emportant dans les remous de la vie. C'est très fort, tout en émotions, parfois inachevé comme s'il fallait marcher encore, s'arrêter, songer encore avant d'exprimer quelques bribes d'une réflexion plus âpre . Plus tard... En s'appuyant sur ce qui est déjà dit. Dans une belle maîtrise des expressions. Magnifique vraiment. Une poésie de la vie, de celles qui se relisent parce qu'on s'y cherche aussi, on s'y retrouve. Incontournable.



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Ce petit trou d'air au fond de la poche

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Gilbert Renouf (jeudi, 01 mars 2018 19:35)

Richard Taillefer
Ce petit trou d’air au fond de la poche
Gilbert Renouf note de lecture publiée dans la "La lettre sous le bruit"

Ce petit trou d’air au fond de la poche, c’est celui par lequel passent les souvenirs, les êtres chers présents ou disparus.
« Le temps qui passe n’efface pas tout » et ce qui demeure ne doit pas faire renoncer au voyage, en attendant que s’annonce le printemps. Il y a beaucoup d’amour dans ce livre, il n’est même sans doute que cela, que cela et donc tout. Ces poèmes et proses poétiques poursuivent sans cesse l’amour de l’autre, l’amour pour l’autre, si loin semble-t-il se tenir. Il y a les douleurs, posées pudiquement comme des appels : Qui m’adressera une ultime missive/À travers les nuages ?. Il y a la figure du père pour clore le livre par un hommage à celui qui « est le dernier grand témoin de ce que je fus avant d’être ». Aussi de la pensée métaphysique où l’on croisera en passant le fantôme de Pessoa.
Et parfois ne nous accompagne plus que « ce reste de café dans la tasse » ou se lisent les;effondrements et s’entendent les bruits de la rue qui ramènent à l’aimée.

« Le temps qui passe n’efface pas tout
Ni l’empreinte de tes griffes sur ma peau
Ni ce goût salé de tes lèvres sur les miennes »

Gilbert Renouf

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Dominique Masse (dimanche, 10 décembre 2017 11:19)

Ces petits commentaires sur ton nouveau recueil que j'ai apprécié: Textes plus sombres d'un homme blessé, désillusionné, des mots de chair avec des vérités exposées au grand air de la poésie. Une prose qui se conclue par des haïkus, le part des anges qui sort du tonneau des mots, haïkus sur le mélancolie, sur une société déliquescente, sur des interrogations mystiques à se demander où est l'issue de cette aporie métaphysique que sont nos destins. Parfois ça claque comme un fouet mais la caresse n'est pas loin avec ton pays sudiste qui suscite l'appétit et la joie se fait plus claire et chaude en faisant saliver la phrase. Ce petit trou d'air au fond de ma tête, déjà !! aller, à ton stylo, on attend la suite...
Dominique Masse

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Alexandrine Gal (mardi, 07 novembre 2017 07:44)

Richard Taillefer et son "Ce petit trou d air au fond de la poche", de si beaux textes que chacun de nous pourrait s'y reconnaître ; en lisant on y entendrait presque l'accent prononcé du Sud de Richard et le chant des cigales qui nous transporte... très sympa à recommander dans toutes les chaumières à l arrivée de l automne pour se réchauffer corps et esprit �

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Jacmo (mardi, 10 octobre 2017 15:49) Revue Décharge

Richard Taillefer/Ce petit trou d'air au fond de la poche/ Prem'édit . Note de Jacmo dans le N° 175 de la revue décharge
Richard Taillefer : CE PETIT TROU D’AIR AU FOND DE LA POCHE (Premédit)
Richard Taillefer donne assez régulièrement un recueil, tous les deux ans environ. Son nouvel ensemble est composé de sept suites où l’on retrouve chaque fois le conteur qui narre d’abord en prose avant de finir chaque page avec le poète en vers. Richard Taillefer inscrit de longue date son œuvre aussi bien dans ses racines haut-varoises, dont certains mots en provençal attestent, et les souvenirs gravés dans sa mémoire vive, avec une inspiration innée concernant la nature entre la campagne et la montagne, Un vent léger s’infiltre sous la porte / Je pense à ceux que j’aime / Qui n’ont plus de visage / Ni de nom ou dans une réflexion plus abstraite où les interrogations sur l’origine et l’espace foisonnent On me reconnut / Pour celui que je n’étais pas / Je n’ai pas démenti Il semble cependant conclure : Je crois au corps bien plus qu’à l’âme Le poète écrit son recueil comme un journal, avec une pointe de lyrisme qui lui est bien propre et reconnaissable, et il a beau dire : Comment avoir le moindre sentiment si tout ne me rattache à rien, on devine bien que toute sa poésie demeure une question d’émotion en symbiose avec le reste du monde et les siens. S’endormir seul / Allonge la longueur des nuits
12 €. www.premedit.net Couverture : Marc Prialnic.

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Feuille de Savigny-le-Temple (vendredi, 28 juillet 2017 07:30)

savigny en histoire(s) 17
Maire-adjoint de la ville délégué à la culture de 2001 à
2014, Richard Taillefer a définitivement remisé son
écharpe tricolore mais n'a absolument rien perdu de
sa verve poétique. Bien au contraire ! Enfant de Montmeyan, dans
le Var, le « Provenço-Savignien » publie aujourd'hui son 11e recueil
intitulé Ce petit trou d'air au fond de la poche. Un titre en clin d’œil
aux poches de pantalon de l’auteur, inlassablement usées par ses
fidèles pipes de Cogolin : « Ce petit trou d’air représente tout ce
que l’on perd, les clés, les pièces de monnaie, tout autant que ce
qui remonte : l’air, les souvenirs, les absents. » Cela résume bien
l’esprit de notre poète « débraillé », ce bâfreur des mots, toujours
prompt à trouver l’équilibre, malgré des figures poétiques toujours
inattendues mais jamais accidentelles. L’effet et la rythmique
en attestent à chaque page, tout est délicatement choisi, cogité.
L’intéressé confirme, en nous distillant négligemment l’un de ses
secrets de fabrication : « Le rythme, le souffle... c’est très infime le
moment où on est là où l’on doit arriver ».
Extrait de Ce petit trou d’air au fond de la poche :
Les années qui viennent seront avant tout, des années de poètes
anonymes et “casqués“. En vain et contre tous les “bâtisseurs de
ruines“, viendront les mots qui nous préservent. “Vous n’aurez pas
ma haine“ mais des milliers de graffitis sauvages, de « PoéVie »
clandestines.
+ d’infos : Ce petit trou d’air au fond de la poche, éd. Prem’Edit
www.prem-edit.com et richardrf@hotmail.fr

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Patricia Laranco (lundi, 24 juillet 2017 19:25)

Lecture (poésie française) : Richard TAILLEFER, "CE PETIT TROU D’AIR AU FOND DE LA POCHE", éditions Prem’édit, 2017. Par Patricia Laranco
La splendide couverture sombre de ce recueil de près de 100 pages reflète bien sa nature. Avec cette nouvelle œuvre, où chaque texte reste fidèle au style « tailleferrien » fait d’une combinaison de prose et de vers libres, le poète-philosophe nous offre un livre grave, aux allures de bilan.
Empathique et toujours en retrait, désabusé et cependant toujours porteur de tant d’espérance, résigné et cependant immensément interrogatif (Devant toutes ces choses faut-il se contenter d’exister ? ; Peut-être vaut-il mieux / Vivre sans rien savoir / Mourir sans comprendre), inquiet qui pourtant sait s’abandonner aux menus mais denses bien-être du « carpe diem », Richard se décrit comme un homme qui, à présent, chemine vers le soleil couchant.
Voilà qui, sans doute, exacerbe encore son énorme attention aux choses qui l’environnent, de même que sa conscience aiguë d’ambiguïté de l’univers, cette forêt de paradoxes.
Quelle est la nature de la réalité ? Dire simplement ces choses si complexes est-il seulement envisageable ?
Quid de cette Tranquille turbulence que cette sensation d’être ou pas. ?
Malgré sa lassitude, sa solitude, Richard continue de chercher. Il peut tout aussi bien vous parler du péril que représentent les soubresauts xénophobes qui agitent le monde occidental ou de la tragédie des réfugiés en provenance du Tiers-Monde que des charmes de son village, de sa Provence qu’il aime avec enracinement, avec chaleur. Bien que contemplatif, distancié, il ne cède pas à l’indifférence. Tout l’interpelle et néanmoins il ne se laisse submerger par rien. Même pas par le sentiment de manque, de perte, de fragilité qui demeure très présent dans son écriture.
Que savez-vous […] ? s’interpelle-t-il lui-même. Nous interpelle-t-il.
Lui, au moins, sait que Le réel / Est plus invraisemblable / Qu’une métaphore hasardeuse.
L’humble Richard, l’homme (le sage, devrait-on dire) qui n’attend plus rien et qui […] apprend à passer (quelle expression magnifique !) apprivoise son propre mal-être : Ce que je crois savoir est toujours si différent de ce qui est. Lourd de pensées muettes, il connait l’opacité de l’inexprimable, de l’incommunicable, de l’inaccessible, et « fait avec ».
Il fait défiler les souvenirs, les évocations relatives à sa vie et à sa routine (et c’est en cela que ce recueil constitue, aussi, un livre très personnel) d’oiseau solitaire qui aime les autres, mais avec une pudeur touchante. Il célèbre Ce bref petit instant d’immortalité fugitive qui, au fond, peut-être, résume tout le reste.
Un livre souvent poignant qui a de quoi nous laisser pensifs, nous faire réfléchir.
P. Laranco.

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Jean-Louis Riguet

​Richard Taillefer (mardi, 30 mai 2017 15:05)

Le titre du livre est une interrogation sauf si l’on sait que Richard Taillefer est un fumeur de pipe, un fumeur de pipes de Cogolin, et qu’il a l’habitude de les stocker dans ses poches, de sorte qu’au bout d’un certain temps un trou se forme. Pour beaucoup, ce serait un drame, mais pour le poète débraillé c’est une aubaine, car de ce trou s’échappent des mots qu’il taraude longtemps pour en faire de la PoéVie. Ce livre n’échappe pas à la règle. Comme un vigneron qui élève les cépages et les assemble pour en faire une excellente cuvée, l’auteur façonne ses idées avec des mots improbables, du moins dans leur assemblage.
La Provence lui tortille le cerveau, elle transparaît à chaque page. L’on sent bien qu’elle est importante pour lui, que sans elle le poète ne « PoéVierait » pas ; elle est comme une terre dont le creuset inonde la mémoire pour rejaillir en mots du fond de ses entrailles.
Richard articule son propos dans sept parties comportant chacune neuf chapitres. La composition de chaque chapitre est identique d’un bout à l’autre du recueil. Tout d’abord un ou plusieurs paragraphes en prose poétique, puis un ou plusieurs vers, enfin des vers en italiques. Les titres de chaque chapitre sont évocateurs :

Ne renonce jamais à ton voyage

Là où le vent jamais ne s’apaise

Chemins perdus de nos forêts lointaines

Je veux par-delà le ciel

Le temps qui passe n’efface pas tout

Qui annoncera le retour du printemps

Sentiers escarpés de mon enfance


Chaque évocation est profonde et nous entraîne, si l’on prend la peine de s’arrêter un peu sur le texte, vers des montagnes de poésie qui nous remuent et parfois nous dérangent. Les textes sont beaux, bien écrits, émouvants, certains font mal comme une colère. L’on sent bien que le poète débraillé sait cogner et cogne quand il le faut. C’est quoi toute cette souffrance intérieure qui vient de loin et qui sort au fil des mots, des pages ? Parfois, une déchirure explose, cela ne dure pas, mais l’explosion a eu lieu.
On ressent tout le travail qu’il y a derrière. On entend le vécu dans ces lignes magiques, ce ne sont pas des remords dont il a sa conscience plein les poches.
Ainsi, l’auteur nous interroge :
« portes et fenêtres closes, tu montres du doigt, cet autre qui pourtant te ressemble« .
Il nous interpelle « ne laisse pas vide, la main qui se tend »
Il nous plonge dans la réflexion
« Près des charniers absurdes
Des squelettes de ce qui fut
Hier encore des hommes
Font taches blanches

Lorsque l’horreur n’a plus de nom
Qui peut encore la décrire ? ».

Et encore :
« Ce grand trou noir inaudible,
Qui contient tout l’univers
Et ton sourire du matin. »

Je pourrai continuer ainsi car des mots, des images, des émotions de PoéVie il y en a à toutes les pages.
Jean-Louis Riguet

 

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