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Poèmes Amis

Rodrigue Lavallé

La créance et l'usure

souviens toi    les cerisiers
près de la grille d’antan
    nous grimpions à leur bord

un pied dans le vide
nos muscles s’achevaient
    noués de branches hautes

c’était comme aujourd’hui
quelques mots jetés
    au-dessus de l‘abîme

un instant
sa part d’ombre
    et d’usure

 Eric Dubois

Eric Dubois

Dessin de Nicolas Fleurot

Nous sommes de l'absence
du malentendu

Nous sommes de la présence
des mots et du point


Le langage qui sculpte le monde
la langue qui peint l'humanité


Le poème et le corps
la sueur des mots


La cime des arbres
les pas sur les trottoirs


Le verbe être conjugué au présent
la mémoire de la pierre


Le mot souvenir aussi
le futur des villes




Avril 2013


ERIC DUBOIS

​Chris Bregaint

Ne regardez pas
Posez sur vos yeux le
Linge blanc de l’innocence
Tout ce qui ne se lit a pas s'envole
On a tout testé
En se régalant
Au hit-parade
Le guide du cycle de la déprime
Les sentiers
Ce qui vous correspond vraiment
les recettes de dernières minutes
Pour être fraîche et fatale
Compétitivité
Comment atterrir
Les pistes chocs
Faites-nous rêver
Au chômage
Interview exclusive
Ce qu’il s’est vraiment passé
Et qui ne passera plus jamais
plus jamais
les ordinateurs interlocuteurs
tchatchent entre eux
La ville s’endort
Les puissants dominent
Dispensés de toute morale
Probité
Les rails se plantent dans la brume
Un dernier train traverse le point de non retour
Les portes s’ouvrent sur le vide
Se ferment sur le néant
J’aspire
La poussière de cette ville de merde
Où il n’y a pas d’autre chose à faire que de suivre
Le mouvement graisseux
De la déjection des réflexions
A nouveau l’ennui

Patricia Laranco 31 mars 2013,

Ceux qui partent...

Ils ne laissent rien...que leur absence
comme un ailleurs insinué dans le quotidien
comme une déchirure du tissu des jours
par où s'engouffre le manque immense appel d'air.
La place de celui qui est parti est là,
en creux, pareille à une aura de défection
et son vide dessine les contours d'un plein,
d'un bombardement de particules évadées,
de particules évidées
qui battent l'air.

On dirait, sculptées dans la matière même du néant, quelque statue
quelque figurine arrachée à l'autre face du réel.
On dirait une brêche de soustraction, d'excavation
qui ébrèche la cohérence immaculée de l'univers
et puis qui implose, qui s'effondre sur elle-même en un
paroxysme de masse dense, à la manière
d'un trou noir

La place de celui qui est parti  - je le répète - est là
et sa nature envahissante, hypertrophiée, finit par
opérer, dans un mouvement étrange de renversement
la métamorphose inattendue de l'épaisseur de nos jours
en quelque chose de ténu, d'incolore et d'inconsistant
dont la substance se serait tout bonnement
évaporée

 

Chris Bregaint 29 mars 2013

Les rêves


Désossés
Dans la fumée blanche du matin
Noyés
Dans le café noir
Plantés
Sur le métronome du quotidien
Ils reviendront probablement
Des heures plus tard
Des jours plus tard
Des années plus tard

Pas
Peut-être pas
Sans doute pas
Sans doute jamais
En valent-ils le coup
Car d’autant plus
Ils ne rentrent pas

Dans mon IpadL



C.B

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